Le Vendredi 24 novembre 2023 à 11h nous aurons le plaisir d’accueillir Eva-Flore Msika ,doctorante LMC2 sous la direction de Pauline Narme.

Résumé : Les troubles de la cognition sociale sont fréquents en neurologie et susceptibles de contribuer à l’apparition de perturbations du comportement social. Leur évaluation est donc primordiale, tant pour répondre à des objectifs diagnostiques que pour proposer des prises en charge précoces et adaptées. Toutefois, cette évaluation rencontre encore un certain nombre de limites, en ce qui concerne à la fois les outils d’évaluation classiques, et les nouveaux outils davantage « naturalistes » (Étude 1). Le premier objectif de ce travail est donc clinique : développer, valider et normaliser un outil d’évaluation de la cognition sociale qui tente de répondre aux lacunes actuelles en vue d’une mise à disposition aux professionnels de santé. La tâche REALSoCog est présentée dans sa version initiale (Études 2, 3, 4) ainsi que dans sa version courte (Études 5, 6, 7, 8). Des données ont été recueillies en population générale et en pathologie, notamment dans le traumatisme crânien (TC) et le variant comportemental de la dégénérescence lobaire fronto-temporale qui engendrent des dysfonctionnements socio-cognitifs prévalents, ainsi que dans la maladie d’Alzheimer (MA) et dans la maladie à corps de Lewy, deux causes fréquentes de troubles neurocognitifs majeurs. Ces études ont permis de porter un regard intégré sur le fonctionnement socio-cognitif et suggèrent la faisabilité et la pertinence de la tâche dans ces populations. REALSoCog est ainsi le premier outil permettant une évaluation multidimensionnelle de la cognition sociale (cognition morale, Théories de l’Esprit, empathie, comportement social) en langue française, validé et normé sur un large échantillon (18-89ans). Les indices sociaux utilisés sont dynamiques, multimodaux et présentés dans leur contexte d’apparition pour tenter de ressembler à ceux du monde réel tout en satisfaisant les besoins de la pratique clinique (e.g., accessibilité, portabilité). De manière innovante, les perturbations des conduites sociales sont objectivées.

D’autre part, malgré l’intérêt exponentiel des neurosciences et de la neuropsychologie pour la cognition sociale, il n’existe, sur le plan théorique, que très peu de modèles rendant compte de l’influence des caractéristiques individuelles et des capacités neurocognitives sur la cognition sociale. Le deuxième objectif de ce travail est donc théorique : progresser dans la compréhension du fonctionnement socio-cognitif en intégrant des aspects susceptibles de le moduler, voire de l’impacter. Nous nous sommes en particulier intéressées au rôle du syndrome de stress posttraumatique dans le TC sévère (Étude 7) où son retentissement est apparu significatif, ainsi qu’à celui des souvenirs autobiographiques épisodiques en population générale et chez 2 patients MA (Étude 8). De manière intéressante, le souvenir spécifique de situations similaires est apparu tant susceptible de soutenir que d’interférer avec l’interprétation socio-cognitive d’une situation, selon les caractéristiques du souvenir et la congruence émotionnelle avec la situation rencontrée. Ces premiers résultats ont permis de proposer une modélisation de la relation entre ces dimensions.

Lors de la soutenance, l’intérêt sera porté principalement sur les résultats des études 5, 6, 7 et 8